Dans un jeu de miroir et d’imitation initié pendant le confinement de mars 2020, Adeline Rapon interroge et recherche son propre héritage à travers la question de la place des femmes aux Antilles.
À partir d’images d’archives de la fin du XIXe siècle, la photographe établit un parallèle entre photographie originale et autoportrait reconstruit, menant à mieux percevoir le modèle anonyme. « Négresse de Martinique », « Mulâtresse au poil souple », « Type de femme de Guadeloupe » désignent des femmes anonymes, prenant la pose, certaines le regard perdu, d’autres débraillées. Ces portraits anciens mettent en avant des figures réelles, souvent fantasmées et avancées comme argument de vente pour un tourisme naissant, mettant en valeur l’Empire Colonial français au pouvoir jusqu’en 1945 en Martinique, en Guadeloupe et en Guyane. En accentuant la différence entre le présent et le passé, un double récit prend place, l’un consacré à un quotidien figé entre les murs d’un appartement parisien, l’autre aux anonymes enfermées dans une image coloniale, majoritairement fabriquée dans un studio.