Ce travail photographique a été réalisé dans le cadre d’une commande des Rencontres Photographiques du 10e qui m’ont invitée, au titre de marraine, à produire un travail dans cet arrondissement.
J’ai choisi de photographier le quartier de la Grange aux Belles et certains des jeunes garçons qui y vivent : ceux qui investissent l’espace public de la cité pour se regrouper.
La place circulaire au pied des immeubles est le territoire circonscrit de leur jeunesse et le lieu où ils déploient leurs amitiés et leurs existences collectives.
La cité constitue une autre entité, à contre courant de la société qui, à bien des égards, les rejette. Elle leur permet de s’exprimer, de trouver une place, un statut et une reconnaissance. Elle leur permet également de renforcer leurs espoirs d’un destin commun face aux stigmates qu’ils éprouvent, de l’échec scolaire au chômage, en passant par le racisme. En s’appropriant cet espace, ces jeunes conjurent leur sentiment de dépossession sociale.
Les codes et les valeurs qui la régissent leur permettent de créer une organisation basée sur la création de solidarités et d’interdépendances locales. Il existe cependant une réalité ambivalente dans la cité, qui est à la fois le lieu communautaire de protection et d’appartenance face au “monde extérieur” jugé hostile et un espace d’aliénation dont il faudrait se détacher et s’échapper.