Diaby Ladji

Au soleil, les noirs ont la peau bleue, du même bleu que cette mer qui sépare les terres. Du même bleu que ce fût, que ma mère préparait à chaque demi soleil et qu’elle nommait « bargo ». « Ceux qui restent » le considérait comme une offrande, un sacrifice, avec tout le rituel que cela exigeait pour « Ceux qui étaient partis » à la deuxième terre. L’Exode des filles et des fils, ayant eu le désir d’être mères et pères, leur fit prendre la pénible route du désert, à la fois si proche et si loin du ciel, et qui teintaient leur peau de la funeste couleur de cette eau. Arrivés à la deuxième terre, c’est ce fût qui ironiquement reprend la route en sens inverse, reprend la couleur de cette eau, bonne et apaisée dans le courant du retour.