Verdier Elliott

Elliott Verdier a été remarqué et primé très jeune pour ses reportages sur la condition humaine effectués dans différents coins du monde : en Indonésie auprès de réfugiés afghans, en Birmanie avec des drogués dans un centre de réhabilitation ou encore en Mongolie dans les banlieues polluées d’Oulan-Bator. Il dédie maintenant sa photographie à des travaux à plus long terme, loin de l’actualité brûlante, documentaires sensibles abordant les thèmes du temps, de la mémoire et de la résilience.

Elliott Verdier est l’un.e des 12 lauréat.es de l’édition 2019 des Rencontres Photographiques du 10e.

A Shaded Path

« C’est l’histoire d’une ancienne république soviétique de six millions d’habitants, le Kirghizstan,enclavée en Asie centrale, réputée pour ses traditions nomades, ses yourtes, ses chevaux, ses paysages splendides de montagnes et de steppes… Cette histoire recèle un décor moins connu, moins attrayant sans doute, à l’écart des stéréotypes et des enjolivements nécessaires après l’hermétique période de l’URSS. Alors, pourquoi ces photos ? Celles de paysages désolés, de portraits troublants de mineurs, d’ouvriers, d’étudiants, de vieillards, ces clichés de villages qui tombent en désuétude, et ce ciel — ce ciel kirghiz qui semble donner toujours plus de caractère aux récits qui se déroulent sous son immensité ?

Ces photographies ne sont jamais que des fragments de réel — des faits — pour tenter de recomposer un peu de l’histoire cachée, en mille éclats, si difficiles à rassembler. Avec ce qu’elle a d’espérances déchues et de surprenante vitalité, la jeune République Kirghize est la parabole d’un imaginaire où s’entrecroisent de grandes aspirations et les vestiges de la période soviétique, étrangement figés dans les paysages et les mémoires. Une société composée de lieux de vie où la douleur et l’isolement côtoient, souvent, une silencieuse résignation. Les photographies d’Elliott Verdier montrent l’écho d’une histoire meurtrie, une histoire oubliée qui ne cherche qu’à ressurgir si l’on y prête attention. »

Texte de Grégoire Domenach